Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Père Paul - L'Enfance

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La première partie du témoignage de père Paul

«C’est très tôt que j’ai entendu une petite voix au fond de mon cœur qui me disait : « Sois mon prêtre ! » Le plus ancien souvenir date de l’âge de 8 ou 9 ans, un jour où je jouais aux soldats de plomb avec un camarade voisin de palier.»

Chers frères et sœurs,

Vous m’avez demandé mon témoignage, je veux bien le faire, mais je vais d’abord vous présenter un avertissement. En effet pour vous dire des choses intéressantes je vais être obligé de vous raconter des faits qui vont être pour beaucoup à mon avantage et je ne voudrais pas que vous les attribuiez à ma gloire et à ma compétence.

Je voudrais me présenter à vous comme Saint Paul dans l’épître aux Galates ou comme Saint Augustin dans ses Confessions. Ils osent se glorifier eux-mêmes car ils ont une grande conscience de ce que dans tout ce qu’ils ont fait ce n’était pas eux qui vraiment le réalisaient, mais le Seigneur qui le faisait à travers eux. Pour eux c’était facile car ils avaient été de grands pécheurs et ils savaient que c’était par grâce qu’ils étaient devenus ce qu’ils étaient. Pour moi, je n’ai pas été un grand pécheur mais je voudrais avoir devant vous la même conviction comme quoi, tout ce que j’ai réalisé, ce n’était pas vraiment moi qui le faisait mais le Seigneur à travers moi.

Et pour commencer, ayant voyagé, ayant beaucoup lu, ayant écouté beaucoup de gens me raconter leur histoire, je me rends compte que j’ai reçu dès mon berceau une série de cadeaux inestimables pour lesquels je n’y suis pour rien : c’est le Seigneur qui me les a donnés par pure grâce.

Je suis né dans une famille très chrétienne du midi de la France où régnait l’amour. Je suis donc né dans ce que je j’ose appeler l’un des plus beaux pays du monde, l’une des plus belles familles, j’ai parlé une langue, elle aussi parmi les plus inestimables, qui surtout m’a permis d’accéder une culture parmi les plus humaniste et les plus accomplies qui soient. Une culture faite de douceur, d’amour, de respect de l’autre, de courtoisie envers les personnes, particulièrement les femmes, de culte de la beauté, en un mot de bel humanisme. Je sais que parmi vous beaucoup souffrent de ne pas avoir pu posséder un tel avantage, alors je n’oublie pas chaque jour de remercier le Seigneur pout tous ces biens qu’il m’a donnés et pour lesquels je n’y suis pour rien.

Dans une telle famille, dans un tel pays, c’est tout naturellement que j’ai connu Jésus. En m’éveillant la mère qui penchait sa tête sur mon berceau me faisait dire : « Bonjour Jésus, bonjour papa, bonjour maman » et mon père, à côté d’elle, partageait les mêmes sentiments que son épouse. Jésus était donc tout naturellement présent à tous les instants de ma vie. C’est sous son regard que je jouais, sous son regard que je travaillais, sous son regard que je m’endormais, et aujourd’hui encore c’est sous son regard que je fais toute chose car dans toute ma vie sa présence ne m’a jamais quitté. C’est même sous son regard que j’ai commis le mal et que j’ai péché, car c’est là la vraie malice du péché, c’est de savoir pertinemment que ce que l’on fait fait saigner le cœur de Jésus et que pourtant on le fait quand même.

Alors, dans de telles conditions, il n’est pas étonnant que j’aie eu très tôt le désir de devenir prêtre. Les prêtres, à la maison, étaient entourés d’une telle aura et d’un tel respect, à la messe j’avais un tel amour de Jésus en contemplant l’hostie, que naturellement j’ai désiré être de ceux qui vivaient au plus près de lui et de ceux qui donnaient Jésus au monde, car très tôt c’est le désir missionnaire qui m’a pris.

Mais ce désir n’est rien, car il venait d’abord d’un appel. C’est très tôt que j’ai entendu une petite voix au fond de mon cœur qui me disait : « Sois mon prêtre ! » Le plus ancien souvenir date de l’âge de 8 ou 9 ans, un jour où je jouais aux soldats de plomb avec un camarade voisin de palier, mais je sais que le désir comme la voix étaient beaucoup plus anciens.

Pourtant ce n’est pas de suite que j’ai répondu à cet appel. Pendant près de 8 ans j’allais lutter contre Dieu, comme le fit Jacob au torrent de Yaboq. La voix m’appelait, mais je remettais toujours à plus tard la décision. Je disais à Jésus : « Pourquoi est-ce que tu me demande cela ? Laisse-moi être un bon chrétien, avoir une femme et des enfants. Je partirai même aux colonies et j’aiderai les missionnaires dans leur tâche, mais pourquoi tout quitter pour te suivre. » Alors la voix se taisait, mais lorsque j’assistais à la messe (chez les jésuites nous avions la messe tous les jours), en voyant le prêtre et l’hostie, mon cœur était tout remué, je pleurais et la petite voix se faisait doucement réentendre.

Cela dura tout le temps de mon adolescence jusqu’au jour où le baccalauréat et la fin de mes études approchant il fallut que je me décide. Ce fut la nuit de Noël 1950. J’étudiais à Paris, j’étais venu dans ma famille pour les vacances. J’assistais à la messe dans la chapelle du patronage où j’avais travaillé. À cette époque-là la messe était en latin, la messe de la nuit de Noël était dite à minuit et le prêtre pouvait dire trois messes d’affilée. À la première messe, la messe chantée, on avait beaucoup prié mais pas de prière silencieuse et intérieure, je décidais de rester pour assister à la deuxième et à la troisième messe, et, pour bien prier, de rester tout le temps à genoux. À l’élévation de la seconde messe l’appel se fit à nouveau entendre de façon particulièrement forte et à ce moment-là j’ai prononcé mon oui. J’ai su ce jour-là que je mourrai prêtre et missionnaire, car ma décision, mûrement réfléchie, était irrévocable et, s’il m’arrivait d’aventure de dévier dans la voie qui désormais était la mienne, le Seigneur m’aiderait toujours à revenir vers mon véritable idéal. Je venais d’avoir 16 ans quelques mois auparavant.

Mais cette détermination à laquelle je fais allusion ne fut comprise de personne et ce fut pour moi une source de souffrance.


Voyez aussi :
Fête pour père Paul

1 commentaire(s):

Anonyme a dit…

Magnifique témoignage. J'ai hâte de lire... j'ai hâte de boire la suite...
Éliane VUARNET

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