Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Les Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs)

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Mai 2011


Être le tout à tous

Charles Lavigerie
Mgr Charles Lavigerie, Archevêque d’Alger

Qui sommes-nous ?

Le père Joseph Perrier traçant nos origines, écrit dans notre site web officiel (africamission-mafr.org) que la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) est née en Algérie, fondée en 1868 par Mgr Charles Lavigerie, archevêque d’Alger. Lavigerie met rapidement ces nouveaux missionnaires devant une triple exigence :
- parler la langue des gens ;
- manger leur nourriture ;
- porter leur habit.

Cette Nouvelle Société Missionnaire prit donc, au début, l'habit arabe : la gandoura, le burnous et la chéchia, avec comme signe religieux un rosaire porté autour du cou comme collier.

Le surnom populaire de "Pères Blancs" vient de cet habit que nous garderons ensuite en s'enfonçant au cœur du continent africain.

Œuvres sociales, dispensaires, écoles, développement rural : tel sera notre travail, au début, en Algérie.

Aujourd’hui, notre société est un Institut missionnaire de prêtres et des frères vivant en communauté. Son but est d’annoncer la Bonne Nouvelle aux hommes du monde Africain et d’aller à la rencontre de toute personne dans sa religion, sa culture et sa race. Cette Bonne Nouvelle se résume en ce que le Christ lui-même dit à ses disciples d’aller répondre à son précurseur Jean Baptiste dans l’évangile de Matthieu 11,4-5 («Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres»). Du fait de ses origines (Algérie et Tunisie) et de son charisme, la Société a toujours porté une attention particulière aux croyants de l’Islam avec lequel elle entretient une relation privilégiée.

Raphaël Deillon Habit 2006 Kasama - Zambie(À gauche) Le Père Raphaël Deillon à la rencontre des musulmans. Il a adopté l’habit blanc pour s’identifier avec ses prochains. (À droite) Prise d'habit, 2006 - Kasama, Zambie
Nos textes religieux eux-mêmes nous invitent à écouter l'autre.

"Dieu a parlé aux hommes de bien des manières…" (Lettre aux Hébreux, 1,1)

"Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous un seul peuple, mais il a voulu que vous cherchiez à développer les dons qu'il vous a donnés." Sourate 5, 48

Quelle est notre vocation ?

L’annonce de la Bonne Nouvelle (cf. Matthieu 11,4-5) et le service des hommes au sein du monde Africain en premier constituent la vocation et le projet apostolique des Missionnaires d’Afrique. Ceci demande que nous soyons solidaires des communautés humaines au sein desquelles nous vivons. Ainsi peut s’instaurer, dans un respect et une estime réciproque, le dialogue avec d’autres traditions religieuses et d’autres cultures.

Qu’est-ce qui nous inspire ?

Notre démarche s’inspire de celle du Christ dans son Incarnation : elle témoigne du respect même de Dieu pour la liberté des personnes et pour les cheminements individuels et collectifs. De ce fait, elle est attentive aux richesses culturelles de chaque peuple et s’efforce de les pénétrer de la lumière de l’Evangile.

D’où vient notre Mission ?

En approuvant officiellement la Société, en nous recommandant d’être fidèles au charisme du Fondateur, l’Eglise nous fait partager d’une façon particulière sa responsabilité et sa vocation face aux peuples. Envoyés par le pape, tête du Corps épiscopal et pasteur de l’Eglise universelle, nous sommes signes et artisans de la communion entre les Eglises. C’est en nous insérant dans les Eglises qui nous accueillent, tout en gardant un lien vivant avec nos communautés d’origine, que nous accomplissons concrètement notre mission. Nous collaborons intégralement avec les Eglises locales auxquelles nous sommes envoyés. L’étendue et les modalités de cette collaboration sont précisées dans des contrats qui tiennent compte des options missionnaires de la Société et du bien de ces Eglises.

Quelle est notre attitude ?

La Charité du Christ nous presse. Animés par cette charité et dociles à l’Esprit, nous consacrons notre vie à annoncer Jésus Christ et son Evangile. Notre foi en Jésus Christ Sauveur, Notre confiance en Dieu, la certitude que l’Esprit Saint agit dans la communauté des croyants et dans la conscience de tous les hommes sont la source de notre dynamisme missionnaire.

La charité apostolique exige de nous le « tout à tous », c'est-à-dire une attitude d’accueil, d’ouverture, de proximité aux hommes ; une grande simplicité dans nos rapports avec eux.

L’Obéissance apostolique est une attitude fondamentale de notre vie d’envoyés. Elle nous rend disponibles à ce que demandent de nous l’Eglise et les responsables de la Société.

Notre pauvreté personnelle et communautaire doit être un témoignage Evangélique.

Nos communautés sont les premiers lieux de partage et de mise en commun de ce que nous sommes et de ce que nous avons. En fondant la Société le cardinal Lavigerie a voulu que la vie de communauté en soit une des caractéristiques essentielles. Par l’Esprit de famille qui règne entre ses membres, notre Société veut être un signe d’unité dans chacune de ces communautés comme dans son ensemble.

Le célibat, librement choisi par amour pour le Christ et le Royaume, est un don de l’Esprit. Il fait de nous des « hommes-pour-les-autres » dans nos communautés et auprès de ceux auxquels nous sommes envoyés.

Quelle est notre Spiritualité ?

Notre vie spirituelle consiste dans notre existence apostolique quotidienne. Elle est rencontre de Dieu dans la prière. Fidèles à notre Fondateur et à la tradition vivante de notre Société, nous nous inspirons de la spiritualité ignacienne. Elle nous invite à un choix et à un dépassement libre et continuel pour instaurer le Règne de Dieu dans le monde et nous identifier de plus en plus au Christ.

Quand devient-on membre à part entière de la société ?

L’engagement missionnaire dans la Société se fait par une promesse solennelle appelée le Serment. Le missionnaire prend rang définitif dans la Société le jour de son serment perpétuel. L’ordre d’ancienneté est déterminé par la date du serment perpétuel.

Peut-on être membre associé à la Société ?

Certaines formes d’association avec la Société peuvent être envisagées selon le Droit propre de la Société. Un prêtre ou un laïc désireux de s’engager au service de la mission peut être rattaché à la Société comme un associé. L’associé s’engage, pour un temps déterminé et renouvelable, à participer à la vie et à l’apostolat missionnaire de la Société, selon son esprit et ses lois.

Combien sommes-nous ?

Au 1er Janvier 2011 nous comptons 259 communautés dans le monde en 42 Pays dont 23 Pays en Afrique. Nous sommes au nombre de 1495 de 37 nationalités dont 3 membres associés. En Tunisie, nous comptons 17 Pères Blancs vivant en communauté. Nous avons quatre communautés à Tunis et une communauté à Sfax. Nous notons spécialement la présence d’un Père Blanc à Djerba à la responsabilité de la paroisse.

Pourquoi Les Peres Blancs à Sfax ?

Si depuis la fondation de la Société de Missionnaire d’Afrique (Pères Blancs), Charles de Foucauld a fait une demande explicite de la présence des ses missionnaires au Sud Tunisien, pourquoi ont ils attendu jusqu’à aujourd’hui pour répondre à cet appel ? Quel est le sens de leur présence en 2005 au Sud Tunisien à Sfax ? Voici une tentative de réponse à ces questions.


En septembre 2005, Simon, Pierre et Erik ont été envoyés à Sfax, Tunisie. Mme Ketty, Sfaxienne, descendante des familles italiennes et maltaises arrivées en Tunisie au XIX°s., est venue leur préparer des fruits de mer
Contexte :
Suite à la demande du Père Provincial, du Maghreb, le Père Claude Rault (l’actuel évêque de Ghardaïa au Sud Algérien), cinq jeunes confrères du Secteur Tunisie guidés par le Père Ramon Echéverria, avaient déjà discuté en mars 2001, le cas d’un projet d’une communauté Père Blanc au Sud Tunisien. La possibilité de Sfax a été mentionnée spécifiquement. Ensuite, une rencontre du secteur a été programmée pour revisiter les domaines du travail, de l’amitié, et de la vie communautaire dans le cadre d’une présence apostolique.

Le 20 avril 2002, le Père Claude Rault convoqua une rencontre du Secteur Tunisie. A son appel, nous sommes passés à une prise de conscience de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons offrir à la Tunisie en tant que groupe Pères- Blancs. Cette rencontre nous invita à regarder la réalité en face pour arriver à des communautés plus stables et capables dans l’avenir, d’accueillir des stagiaires et des nouveaux confrères. Nous nous mettons en question donc sur la tension entre Pères Blancs et les structures pastorales. L’esprit que nous en dégagions c’est que nous participons à la pastorale, mais nous ne sommes pas uniquement pour cela. Une réflexion plus approfondie nous fait conclure que nous ne devrions pas penser uniquement en tant que groupe Pères Blancs. Ceci ne semble pas donner une direction claire à notre engagement surtout par apport à l’engagement des jeunes qui viendront. Même si des Tunisiens, voir des Algériens s’adressent à nous avec leurs questions d’ordre religieuses, comment les jeunes et les nouveaux arrivants verront-ils leur intégration ? Dans une bibliothèque ? Dans une paroisse ? Pour répondre à ces questions un sage nous a conseillé de nous questionner encore : « les nouveaux, doivent-ils prendre le train en marche… ou un autre train ?» Quoi qu’il en soit, nous devrions nous rappeler que notre priorité reste le contact avec le monde musulman.

Les Pères Blancs, après délibérations, ont opté d’ouvrir une nouvelle Communauté à Sfax depuis septembre 2005 pour être plus proches aux peuples tunisiens et pour assurer la continuité de la présence Pères Blancs par l'accueil de nouveaux jeunes confrères et de stagiaires Pères Blancs. Les Pères Eric Bladt, Pierre Songré, et le Frère Simon Amy Gornah étaient les premiers à se rendre disponibles pour ce projet. Ainsi, ils avaient accepté un premier mandat de trois ans à partir de septembre 2005. Ce projet est devenu une réalité dont jouissent pleinement la Paroisse Catholique Saint Pierre et Saint Paul de Sfax, les Pères Blancs et en conséquence la communauté locale de Sfax. Bientôt dans la même perspective la paroisse catholique et la communauté locale de Gabes bénéficieront des services de la communauté Peres Blancs de Sfax. Grâce à la viabilité de cette communauté, deux jeunes confrères ont été reçus dans la Province et le deuxième stagiaire successif est en cours de formation.

Quel est le sens de notre présence à Sfax en 2011?

Benoît, Jonathan, Simon, Moïse
De g. à d., Benoît, Jonathan, Simon et Moïse
"Voici mon commandement: aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n'a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime." (Jn 15, 12-13)

En poste actuellement sont les Pères Benoît Mwana Nyembo et Jonathan Wyok Bahago, le Frère Simon Amy Gornah et Moïse Nacoulma (stagiaire).

Ensemble, nous avons établi le projet apostolique communautaire que voici.

Définition du Projet :
Chorale JCAT - Noël 2009
La chorale de la JCAT en concert, Noël 2009
1. Suite aux assemblées post-capitulaires et aux grands défis de la société d’aujourd’hui identifiés par les conseils provinciaux en vu d’un engagement concret, nous avons décidé d’être plus présents à la société sfaxienne marquée par la rupture dans la transmission des valeurs entre générations et par les personnes les plus démunies de la société telles que les jeunes, les handicapés, les malades, les enfants abandonnés, les migrants et réfugiés et les chômeurs. Un engagement concret dans les associations Sfaxiennes déjà existantes nous aide à réaliser cet objectif.

2. Faisant partie de l’Eglise locale, notre équipe attache beaucoup d’importance à la présence dans la communauté pour être disponible à toute personne de passage (tunisien et étranger). En conséquence, nous devons nous former personnellement à l’écoute et à l’accompagnement. Cela exige une connaissance de la langue et la culture arabo -musulmane ; et pour l’animation spirituelle de la paroisse, nous sommes appelés à faire un aggiornamento dans les domaines théologiques, bibliques et sociaux.

3. Nous prenons le temps pour analyser le contenu réel et la profondeur des démarches des personnes en recherche qui s’adressent à nous.

4. La présence forte des étudiants venant de l’Afrique sub-saharienne nous interpelle par leur participation active dans nos activités. Ils forment partie du groupe JCAT (Jeunesse Chrétienne Africaine en Tunisie) du diocèse. Ils sont une cinquantaine à Sfax. Comment pouvons-nous mieux les intégrer dans notre projet communautaire ?

Outils :
Les critères de viabilité donc de notre communauté se résument en :

Le repas et l’Eucharistie communs sauf quand il faut se réunir avec d’autres communautés présentes. Nous prions quotidiennement ensembles, matin et soir et des conseils hebdomadaires nous permettent d’approfondir des thèmes spirituels. Ceux-ci sont renforcés par les documents de la Société et par la lecture personnelle.

Notre apostolat actuel :
Moïse Nacoulma
Moïse (accroupi à droite) avec un groupe des paroissiens après la veillée pascale 2011
Suite à notre discernement communautaire, le dialogue de vie par une présence active dans l’Eglise locale tournée vers les tunisiens est notre choix de démarche pour construire un "Royaume" de justice et de paix. Ainsi, en accord avec le Provincial et l’Evêque du lieu notre première préoccupation est l’animation de la petite communauté chrétienne de Sfax ainsi que celle de Gabes. La communauté de Sfax est essentiellement composée d’étudiants de l’Afrique Subsaharienne, deux communautés religieuses, la communauté Salam du Brésil, de femmes de mariages mixtes, et de quelques anciens nées dans le pays.

Notre deuxième préoccupation est l’accueil dans notre communauté de résidence qui sert en même temps comme salle paroissiale et centre d’hébergement pour toute personne de passage. Parmi les rencontres hebdomadaires dans la communauté nous comptons surtout le groupe de Repas de mardi. Ce groupe est composé de jeunes sfaxiens musulmans et des étudiants de l'Afrique Subsaharienne. Ce repas donne place au tissage d’amitié, à l’écoute et à un partage mutuel.

Simon, père blanc
Simon (debout à droite) ramasse les olives chaque année avec les handicapés de l’Association Printemps (Errabii)
Le deuxième groupe c’est le Club de mardi composé des femmes des origines diverses qui réalisent des travaux en atelier au profit des associations sfaxiennes pour les handicapés. Notre communauté porte le souci de soutien à ces associations sfaxiennes.

Nous collaborons tous explicitement avec plusieurs associations telles que l’Association Printemps qui s’occupe de handicapés psychomoteurs au dessus de trente ans, l’Association S.O.S Enfance de Mahrès qui s’occupe des enfants orphelins ou des pères non identifiés, l’association Mouroua qui s’occupe des enfants multi handicapés et l’UTAIM(Union Tunisienne d’Aide aux Insuffisants Mentaux) qui s’occupe des enfants qui souffrent de l’insuffisance mentale.

Père Benoît
Benoît au concert de charité, le 16 Avril 2011avec les enfants de l’UTAIM
Nous accompagnons toujours le groupe de ciné club pour enfants à Sfax crée grâce à notre accompagnement et collaboration. Nous cherchons encore à être plus attentifs aux malades de SIDA et les toxicomanes. L’engagement social devant les sfaxiens se veut de plus en plus indispensable car il existe un bon nombre d’handicapés isolés par manque de moyens où d’information sur des alternatives d’aide en place. Depuis quelques mois, nous collaborons avec le Centre de Dialogue et de Culture(CDC) de Sfax. Nous y collaborons pour le travail de bibliothèque et la formation en langue. Nous y participons au diverses manifestations comme conférences et projection des films suivis par un débat. Une conférence par le Père Jean Fontaine sur « une Nouvelle Conscience Musulmane » y est prévue prochainement (Le 27 Mai 2011).

Moïse Nacoulma
Moïse avec trois catéchumènes au baptême
A un rythme moins régulier, nous accueillons, le groupe de la JCAT (Jeunesse Chrétienne Africaine en Tunisie). Il est composé des étudiants venant de l’Afrique subsaharienne. Il y a une cinquantaine d’étudiants. Actuellement nous accompagnons 4 étudiants qui se préparent pour recevoir les sacrements de baptême et de confirmation.

Nous animons d’autres activités en dehors de notre communauté telles que le partage/étude Biblique avec de femmes de ménage mixtes et un autre groupe de partage/biblique ouvert à tous les paroissiens de l’Eglise Catholique de Sfax.

Attentifs aux nouveaux défis de la société locale, nous nous sommes rendus disponibles au service des réfugiés dans le camp de Choucha qui ont quitté la Libye déchirée par la guerre depuis quelques mois.

Frontière Lybienne
(De g. à d.) Jonathan, Simon et Moïse au camp des réfugiés de Choucha (frontière tuniso-libyenne)
Notre Projet Apostolique Communautaire est construit autour des ces axes. Notre prière communautaire prend en compte toutes ces personnes. Répond-t-il toujours à l’esprit tel qu'a été souhaité par la Province ? Peut-on continuer à former une communauté stable pour assurer l’avenir ? Peut-on demeurer dans l'esprit d'être plus proche aux Tunisiens ? Ceci reste notre souci quotidien d’autant plus que nous sommes encore nouveaux et jeune sur le territoire devant une petite communauté chrétienne dispersée qui bien que démunie des ressources doit faire face à des demandes multiples d’ordre humaine, sociale et économique.

Nous espérons que notre communauté sera un lieu de médiation, un lieu de liberté et de paix comme le Christ l’a vécu.

Où sommes-nous à Sfax ?

Notre communauté est située au centre ville de Sfax.

Adresse postale : Pères Blancs
52 Avenue Taïeb Mehiri - 3000 Sfax, TUNISIE

Tél/Fax : (00216) 74 210 253 / Email : wyokson@yahoo.com
Frère Simon Amy Gornah
père blanc

1 commentaire(s):

Anonyme a dit…

Merci pour l'initiative de fonder une communauté, au bénéfice des populations de Sfax et de Gabès.
Bon vent aux Pères Blancs!

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