Eglise Catholique de Sfax

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Abraham, notre père dans la foi

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Le premier des croyants : il partit sans savoir où il allait

8 août 2010
19ème dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs,

Pour nous introduire à la personne d’Abraham et comprendre son importance pour notre foi, le mieux est de le comparer à Marie et à son rôle dans l’histoire du salut. De même que le oui de Marie au jour de l’Annonciation est essentiel au déroulement du plan de Dieu sur le monde, de même le oui d’Abraham a précédé celui de Marie pour introduire l’intervention directe de Dieu dans l’histoire de l’humanité. Si Abraham n’avait pas accepté librement de rentrer dans le plan de Dieu, Israël n’aurait pas existé, Marie n’aurait pas existé et nous-mêmes ne serions pas devenus ce que nous sommes, c'est-à-dire des enfants de Dieu. Bien sûr Dieu a toujours le moyen de subvenir à la déficience des hommes, mais notre histoire n’aurait pas été ce qu’elle est aujourd’hui, elle aurait été différente et peut-être pas aussi belle.

Voilà pourquoi le disciple de St Paul, auteur de l’épître aux Hébreux, après avoir magnifiquement parlé de Jésus grand prêtre éternel, place cet éloge unique de la foi d’Abraham dans les dernières pages de ce qu’il écrit à des chrétiens persécutés afin de les fortifier dans leur foi vacillante. Personne n’a aussi bien parlé de lui tant chez les chrétiens que chez les juifs ou les musulmans qui se réclament eux aussi comme étant de ses descendants physiques ou spirituels.

Notre auteur n’hésite donc pas à placer Abraham à l’aurore de notre foi et c’est à ce titre qu’il est proclamé notre père dans la foi : le premier des croyants.

La révélation de ce mystère à Abraham ne s’est pas faite d’un seul coup, elle s’est faite par étapes successives, la première a été de quitter son pays, Ur en Chaldée, c'est-à-dire l’Irak actuel, pour aller dans un autre pays où Dieu pourrait lui parler librement. En effet Abraham, coincé dans sa famille tribale d’origine, n’aurait pas pu accéder librement à la révélation d’un Dieu unique et aurait été en bute à l’hostilité de sa famille dès qu’il aurait voulu changer sa religion.

La foi n’existait donc pas avant Abraham. Pour qu’il y ait la foi, il faut qu’il y ait révélation d’un mystère qui dépasse l’intelligence humaine et qui n’est accessible que sur une parole divine ou un témoignage divin. Il y a peut-être eu, en dehors des religions révélées des révélations privées à des hommes choisis (l’Esprit est libre d’agir comme il veut en dehors des frontières des peuples élus), mais avant Abraham il n’y a pas eu de révélation publique destinée à toute l’humanité. Et la révélation faite à Abraham est celle d’un Dieu unique qui est amour, qui s’intéresse à l’humanité et qui va mettre en œuvre un plan pour la sauver de la déchéance où l’entraînent ses passions. Ce mystère doit être cru sur parole et transmis aux générations futures par témoignage. On doit y croire car c’est le seul qui donne son vrai sens à notre vie, car il est la Vérité et nous procure ainsi la vraie joie.

Ce pays que Dieu lui destine, c’est la Palestine d’aujourd’hui où venait d’arriver un peu avant lui un peuple cananéen auquel il ne devait pas se mélanger pour ne pas être contaminé par ses croyances.

Abraham accomplit ce premier pas dans la nuit, car, nous dit l’auteur de l’épitre aux Hébreux, il partit sans savoir où il allait.

À partir de ce moment-là, Abraham est encore plus digne de notre éloge car il a su conserver, développer et entretenir cette foi commençante. Dieu l’a soumis à diverses épreuves qui chaque fois lui révélaient quelque chose de sa vraie nature. Il y a d’abord la promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et les grains de sable au bord de la mer à un couple de vieux frappé de stérilité ; puis il y a la demande de l’offrande du fils unique, né dans la vieillesse, selon le rite de la population cananéenne environnante. Abraham s’y soumet, mais Dieu arrête son geste. Ainsi Dieu se révèle comme celui qui est toujours fidèle à sa parole, qui peut donner une descendance là où c’est humainement impossible, qui refuse les sacrifices humains car pour lui tout homme est digne d’un infini respect : un Dieu qui est donc plein d’amour pour l’humanité si pécheresse soit-elle.

Abraham a si bien compris cela qu’il n’hésite pas à mettre Dieu à l’épreuve dans l’épisode de la supplication pour le salut de Sodome que nous avons lu il y a quinze jours, épisode qui nous révélait que ce Dieu qui aime est aussi un Dieu qui pardonne.

La foi d’Abraham n’a donc pas vacillé au milieu de toutes ces épreuves et il a su la transmettre à sa descendance, mais qu’est ce que cette foi peut bien apporter à toute l’humanité ?

La foi est nécessaire, car elle permet d’accéder à la Vérité. En effet la Vérité toute entière est au-delà de la raison, il nous faut faire un saut dans l’inconnu en faisant confiance à Celui qui est plus grand que nous. La foi est la manière de connaître des réalités qu’on ne voit pas, commence par nous dire l’auteur de l’épitre aux Hébreux. La foi permet de traverser les questionnements, les frustrations, les purifications, pour accéder à un sens qui se dégage peu à peu de la complexité du monde, elle permet d’accéder à une conscience accrue de la présence d’un Dieu qui agit dans l’histoire. Elle nous ouvre à la connaissance de l’invisible, elle nous fait découvrir une réalité qui nous dépasse, mais qui nous enveloppe et dont nous vivons. Elle nous fait percevoir une beauté cachée qui dépasse infiniment toutes les beautés terrestres. En donnant un sens à notre histoire elle fait naître en nous l’espérance d’un monde meilleur qui sera au-delà de notre vie terrestre. Et notre auteur n’hésite pas à dire que la foi est la manière de posséder déjà ce qu’on espère.

Cette réalité invisible se présente comme un monde au-delà de la mort et triomphant d’elle. Vient alors le Désir : nous aspirons à un bonheur éternel que nous découvrons. Nous savons que nous ne pouvons pas le mériter, mais nous avons confiance en Celui qui nous l’a promis.

À ce moment nous pouvons faire nôtres les paroles de Jésus entendues dans l’évangile qui nous invitent à nous tenir toujours prêts, car ce Royaume que nous espérons arrive comme un voleur au moment où nous ne l’attendons pas. En effet les visites de Dieu nous apportent toujours la connaissance de quelques choses que nous ne pouvions pas soupçonner car elles sont au-delà de notre raison. Nous pouvons passer à côté d’elles si nous n’avons pas revêtu la tenue de service pour accueillir le maître quand il viendra. Abraham, comme Marie, est notre modèle, car il a su être toujours prêt à accueillir Dieu quand il passe, serait-ce sous la forme de trois voyageurs passant par hasard près de sa tente, et il n’a jamais douté de sa parole même quand elle semblait humainement irréalisable. En tout cela vraiment Abraham est notre père dans la foi et nous aurions tord de le laisser sous silence même si dans l’Église on ne nous a pas souvent parlé de lui.

Amen.
Paul Marioge
père blanc

Oraison de la fête de Saint Abraham

Extraite du missel propre au diocèse de Tunis.

Dieu éternel et tout puissant,
Toi que nous pouvons déjà appeler notre Père
fais grandir en nos cœurs l’esprit filial,
tel qu’Abraham, notre père dans la foi,
nous en a donné le modèle,
fais qu’aidés par son puissant secours
nous soyons capables d’entre dans l’héritage
qui nous est promis.
Par Jésus Christ...

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