Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Nos noms sont inscrits dans les cieux

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4 juillet 2010
14ème dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs,

Qu’elle fait plaisir à voir la joie qu’ont éprouvée les disciples à leur retour de mission ! Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. » et Jésus les approuve et partage leur joie en disant : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair. » Est-ce que cette joie a été propre aux apôtres uniquement ce jour-là ? Est-ce qu’ils ne l’ont pas éprouvée d’autres fois dans leur vie apostolique ? Et nous, est-ce que nous ne pouvons pas la partager comme eux ? Bien sûr que si, et je voudrais vous faire partager ce soir la joie que l’on éprouve quand on collabore à l’œuvre de Jésus, cette joie apostolique qui permet de surmonter allégrement toutes les obstacles placés sur notre route.

Jésus avait envoyé ses disciples parcourir les villes et localités de Galilée où lui-même devait aller et il leur faisait plusieurs recommandations. D’abord celle-ci : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Recommandation étrange quand on sait qu’elle vient du maître de la moisson. En effet s’il sait que les ouvriers sont peu nombreux et s’il affirme que lui ou son Père sont capables d’envoyer d’autres ouvriers, pourquoi ne fait-il pas lui-même la demande, lui à qui le Père ne peut rien refuser puisqu’avec son Père ils ne font qu’un, et pourquoi attend-il que cela vienne de nous ? Je pense que la raréfaction des ouvriers est une chose voulue par le Seigneur ou tout au moins une chose acceptée comme faisant partie de l’essence de la mission. Cela rejoint l’enseignement de Jésus sur la porte étroite pour entrer dans le Royaume, mais aussi sur la toute puissance de Dieu qui peut faire passer un chameau par le chas d’une aiguille et donc faire entrer un riche comme un grand pécheur dans son Paradis. En somme, si nous voyons que notre parole est efficace au-delà de ce qu’humainement on pouvait espérer, si Satan lui-même est déstabilisé au point de tomber du ciel par la seule force de notre parole balbutiante, ce n’est pas à nous qu’en revient la gloire, mais à un autre plus puissant que nous qui agit à travers nous. Il ne faut pas que le succès puisse nous enorgueillir.

Relisez mon témoignage du jour de mon jubilé, c’est ce que j’ai voulu vous montrer et je me référais à plus grands que moi, à St Paul et à St Augustin, ces grands pécheurs qui, convertis, firent des choses extraordinaires pour le Seigneur avec souvent peu de moyens.

Et il y a la recommandation suivante à laquelle je voudrais m’arrêter : « Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » Elle est dans la même ligne que la précédente, à savoir qu’humainement il n’y a aucune raison de penser que notre parole puisse être efficace. Personne n’est vraiment prêt à la recevoir, la haine qu’elle nous attire fait partie, elle aussi, de l’essence de la mission. Comme la parole de Jésus a suscité beaucoup d’hostilité de son vivant, de même la nôtre, mais Jésus a ajouté : « S’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. » Donc tous ne nous haïront pas, quelques uns nous écouteront, mais si notre parole trouve quelque efficacité pour changer le cœur d’un l’homme, elle ne le doit à sa propre force, mais à un autre plus grand que nous qui agit à travers nous.

Donc ne soyons pas troublés si nous nous trouvons en un milieu hostile, c’est normal, ne soyons pas troublés si nous sommes une poignée face à une immensité, Dieu le sait et il veut que nous travaillons de cette façon. Depuis l’histoire des 300 soldats de Gédéon pour gagner la bataille contre les Madianites, ces nomades du désert, le thème du petit reste traverse tout l’enseignement de la bible et il est toujours d’actualité.

Concrètement, pour nous aujourd’hui, cela veut dire que le fait d’être un nombre dérisoire face à une grande ville ne doit pas nous rebuter, Dieu sait multiplier à l’infini la valeur de nos petites actions. Cela veut dire aussi que si les circonstances restreignent drastiquement notre nombre en un lieu donné, de même que les 300 soldats de Gédéon ont pu vaincre une armée innombrable de chameaux, de même la poignée de ceux qui restent suffira avec l’aide de Dieu pour accomplir la tâche qui leur est impartie.

Et c’est au milieu de tous ces obstacles que la joie doit nous étreindre. Connaître Jésus Christ et vivre la mission est source de joie pure. Posséder la vérité est déjà l’essence du bonheur, la transmettre à d’autres rend ce bonheur encore plus grand. Si je transpose ceci dans le domaine de l’amour, tout s’éclaire et devient plus compréhensible. Posséder la vérité, c’est posséder Jésus Christ, posséder Jésus Christ c’est savoir que l’on aime et que l’on est aimé, comme nous l’a dit St Augustin. C’est le fondement de la vraie joie. Partager cette joie avec d’autres qui ne la connaissent pas, leur apprendre qu’ils sont aimés et qu’ils peuvent aimer en vérité mène cette joie à sa perfection. C’est le thème de la drachme retrouvée ou de la brebis perdue. Faire connaître à un seul homme ou une seule femme sur cette terre que Jésus l’aime fait naître plus de joie que de savoir que 99 autres le connaissent et l’aiment déjà. Il n’y a pas d’autre ressort à l’élan missionnaire. Cette joie nous pousse à quitter un lieu béni pour aller où nous allons trouver l’hostilité. Mais avec l’aide de Dieu nous surmonterons toutes les difficultés et nous pourrons nous réjouir non pas de ce que les esprits nous sont soumis, mais de ce que nos noms sont inscrits dans les cieux.

Amen.

Paul Marioge
Père Blanc

3 commentaire(s):

Unknown a dit…

"comment peut-on considérer que pour le meme DIEU, nous, nous sommes LA POIGNEE dans la vérité face à UNE IMMENSITE hostile dans l'erreur, alors que les autres mais nous aussi, commettons tant d'erreurs?" Qu'on m'apprenne à mieux agir, à mieux penser concrètement dans ma vie au quotidien, afin que par là, je puisse témoigner que je suis réellement sur les voies du Seigneur...

"Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu qu'à une girafe de passer par le chas d'une aiguille" équivaut-il à "La toute puissance de Dieu peut faire passer un chameau par le chas d’une aiguille et donc faire entrer un riche comme un grand pécheur dans son Paradis"? Je préfère un temps soit peu qu'on me menace, comme le Seigneur Jésus nous a menacés en nous signifiant que le chemin au Paradis est dur, plutôt qu'on me dise que mon salut est systématiquement garanti. Car sinon, à quel changement positif aspirerai-je dans ma vie si celle-ci est déjà suffisante pour avoir la VIE ETERNELLE?

Unknown a dit…

l'homélie est bien mais telles sont deux remarques qui me viennent à l'esprit.

Anonyme a dit…

Merci pour le bel album de photos de ma chere soeur Josée.

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