Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Jésus : Seigneur des mondes et des univers

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11 juillet 2010
15ème dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs,

Une fois n’est pas coutume ! Vous avez remarqué que depuis 2 ans que je suis ici je suis toujours parti de l’évangile pour vous parler, sinon parfois de la première lecture qui est toujours en rapport avec l’évangile. Aujourd’hui je voudrais mettre en valeur l’introduction de la lettre de Saint Paul aux chrétiens de Colosse dont nous avons commencé toute à l’heure la lecture.

En effet St Paul était affronté aux attaques des judéo-chrétiens qui refusaient la divinité du Christ, soit en disant que Jésus était un homme pieu, un grand prophète, mais seulement un homme, ou bien en disant que Jésus était une émanation de Dieu qui faisait semblant d’être un homme. Plutôt que de dire « Taisons nos différences », il préfère énumérer toutes les caractéristiques du Christ et nous le présenter tel qu’il l’a reçu et tel qu’il est vécu dans ces premières communautés chrétiennes. Car, dans ses écrits, il fait allusion au fait qu’il a été directement instruit par Jésus, comme il se réfère aussi à la foi vécue dans d’autres églises qu’il n’a pas fondées. Et c’est le cas ici, puisque l’Église de Colosse (située au cœur de la Turquie d’aujourd’hui) a été fondée par un certain Épaphras et qu’il semble reprendre au début de sa lettre une hymne liturgique qui n’est pas de lui et qui représente cette foi des premiers chrétiens qu’il a trouvés en arrivant ici ou là.

Or les titres qu’il donne au Christ sont proprement exaltants. Il faut comprendre que St Paul est prisonnier à Rome, il sait qu’il va bientôt mourir comme martyr, la tête tranchée, comme tout citoyen romain. Alors il livre à ses chers enfants qu’il va laisser seuls ses dernières recommandations, c’est une sorte de testament, le condensé de ses méditations sur le mystère du Christ, le résultat de toute une vie passée dans l’intimité de son maître et Seigneur.

Alors je voudrais vous faire goûter à la grandeur de ce mystère, car nous avons peu l’occasion de sentir le Christ de cette façon grandiose. Nous connaissons bien le Jésus enfant de la crèche, nous le contemplons longuement à Noël et la piété populaire nous porte spontanément vers lui grâce à ses chants et aux représentations de nos crèches ; nous connaissons le Jésus de la croix qui s’offre en victime pour nos péchés ; nous connaissons le Jésus ressuscité qui nous assure de la victoire sur la mort ; nous connaissons un peu le Jésus glorieux de la transfiguration ou de l’Ascension ; mais le Jésus Seigneur des mondes et des univers nous est beaucoup plus inaccessible, il faut attendre l’arrivée d’un Teilhard de Chardin pour nous dire que si nous passons à côté de cette représentation du Christ, nous n’avons rien compris de sa véritable nature.



Or, dans le milieu où nous sommes, pour ne pas choquer, nous aurions tendance à délaisser un peu cet aspect de Jésus, mais Paul qui était dans le même cas que nous n’hésite pas à dire : « Je sais que, comme des enfants nouveau-nés, c’est de lait que vous auriez le plus besoin, mais je ne peux cacher le mystère de Jésus, je sais que c’est difficile, mais je ne peux être infidèle à l’enseignement que j’ai reçu et vous cacher toute une partie de son être. Aussi écoutez-moi et vous ne l’en aimerez que davantage. »

D’abord il réaffirme sa divinité : il est l’image du Dieu invisible. Il faut bien comprendre le mot image, cela ne veut pas dire qu’il est une imitation de Dieu, mais qu’il est le Dieu incarné rendu visible à nos yeux.

Il est le premier-né avant toute créature, car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres et tout subsiste en lui. Ceci c’est relativement nouveau. En effet dans l’Ancien testament c’est Dieu le Père qui est créateur et nous l’affirmons chaque dimanche dans notre credo : « Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. » Mais pour St Paul c’est le Christ qui est créateur. Il est créateur de tous les univers, y compris des puissances invisibles, c’est dire des anges, des archanges et de tout ce qui existe dans les cieux. Tout est créé par lui et pour lui, c'est-à-dire qu’il est vraiment Seigneur des seigneurs, il est au dessus de tout et tout lui appartient y compris les anges et les puissances St Augustin allait plus tard reprendre cette intuition en disant : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. »

Et St Paul ajoute : tout subsiste en lui. C'est-à-dire que la création est quelque chose de continu. Le Christ ne cesse jamais de créer. Si durant un seul instant il cessait de nous maintenir dans l’existence, nous disparaîtrions immédiatement dans le néant. Les anges et toutes les puissances du ciel, même les démons, cesseraient immédiatement d’exister si le Christ suspendait un seul instant son pouvoir créateur.

Il est aussi la tête du corps, c’est à dire de l’Église. Cela nous le savons, car on nous en parle souvent. mais St Paul continue : « Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté. Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. » Cela c’est très nouveau par rapport à ce que nous savons de Dieu ou de Jésus à travers l’Ancien Testament et les Évangiles. Il y avait quand même un passage dans le livre de la Sagesse qui nous parlait de la préexistence de cette Sagesse personnifiée, mais c’est dans Jésus, le Christ, que tous les univers trouvent leur accomplissement. Teilhard, le visionnaire, a vu le Christ comme un point oméga vers lequel tout converge et où tout être matériel ou spirituel, de cette terre ou dans les cieux, trouve son achèvement. À la nuit pascale nous célébrons le Christ alpha et oméga de toute chose, alpha et oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.

Et St Paul conclut : « Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ». Ce langage nous est familier pour ce qui concerne notre terre, mais ce qui est nouveau, c’est qu’il applique les mérites de la croix à tous les univers, c'est-à-dire à tout ce qui existe en dehors de notre terre. Les anges et les archanges sont donc sauvés par la mort et la résurrection de Jésus incarné. S’il existe un autre monde, il est aussi sauvé par le sang du Christ de notre terre. C’est difficile à imaginer, c’est pourquoi on pense que notre terre est unique.

Je vous ai entraînés bien loin, mais, comme St Paul, je ne pouvais pas vous laisser avec un mystère du Christ tronqué de toute une partie de sa grandeur. Je vous ai fait partager mon enthousiasme de jeune Père Blanc, tout fraîchement ordonné, quand j’ai découvert Teilhard et St Paul lorsque je suis arrivé à Strasbourg. Même si c’est un peu difficile, rappelez-vous qu’on n’a jamais intérêt à cacher devant les autres une partie du mystère que nous portons en nous. On peut le révéler progressivement, on n’est pas obligé de tout dire le premier jour, mais pour faire aimer le Christ et pour lui donner toute sa confiance, c’est à la révélation de toute sa grandeur qu’on doit aboutir.

Amen.
Paul Marioge
père blanc

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