Un message de père Lucien
Le 23 avril 2011
Pâque termine la Semaine Sainte 2011.Nouvelles du temps ? Le soleil n’est pas franc. En dehors de quelques jours bien ensoleillés à Tunis au début du mois, depuis novembre dernier le temps est plus souvent couvert, un plafond haut, peu sombre, malgré le petit soleil du matin , de temps en temps un gros orage, de temps en temps une petite pluie, ou une grosse. Excellent pour les oliviers, les vignes et les céréales.
Nouvelles de notre temps ? Notre Eglise célèbre la Pâque. Après un dimanche des Rameaux où certains sont venus à la cathédrale chercher des rameaux, palmes de cœur de palmier tressées qui se font de plus en plus rares et petites, et aussi des rameaux, branches d’oliviers, pas n’importe les quels, des oliviers de Tunisie, pour les rapporter à quelques anciens de Ferryville pour qui ces rameaux sont le rappel d’un passé, d’une enfance insouciante et heureuse.Mercredi, messe chrismale où le père évêque a béni les huiles qui serviront aux sacrements de l’année en cours et où les prêtres ont renouvelé leur promesse d’obéissance à l’évêque faite le jour de l’ordination. A être renouvelée chaque année, cette promesse serait supposée ne durer qu’un temps alors que je la croyais définitive. Les chants ont été assurés par un chœur de quelques prêtres. Les prêtres sont peu nombreux mais il y a des artistes.
Jeudi Saint, le père évêque a renouvelé le geste de Jésus, le lavement des pieds. Ce jour est l’anniversaire de la première messe, l’institution de l’Eucharistie, la seule messe que Jésus ait célébrée. La chorale des jeunes africains sub sahariens y allait de bon cœur.
Vendredi saint, lecture de la Passion, prières aux grandes intentions de l’église, vénération de la Croix, et Communion. Malgré la longueur du texte de la Passion qui n’a pas besoin de commentaires, il y a eu un sermon, un vrai sermon comme le faisaient nos prédicateurs siciliens il y a soixante ans avec tous les effets sanguinolents des clous sur les pieds et les mains. C’est le chœur des sœurs argentines qui soutenait la cérémonie.
Et puis, samedi saint, c’est ce soir qu’on le célèbre. Et demain matin, en France, en Europe ou ailleurs, les gosses iront chercher les œufs que les cloches de retour de Rome auront laissé tomber. En lisant un forum, j’au vu que cette coutume persistait. Ici, les cloches ne sonnent plus depuis longtemps, il n’y a plus de cloches. En Europe, les cloches sonnent à toute volée à Pâques. Que c’est beau le carillon d’une cathédrale. Il y a encore des cloches en France.
Nouvelles du temps dans notre pays ? La Tunisie, petit à petit, accomplit sa révolution avec des ratés ou dérapages de temps en temps. Beaucoup sont pressés de voir le changement : fini le chômage ? salaires réévalués ? logement décent pour tous ? un gouvernement élu ? Il n’y a pas assez de temps pour satisfaire tout le monde, on ne laisse pas au temps le temps de faire. La Tunisie étant le pays des miracles, où quand c’est nécessaire, tout se fait en un tour d’horloge, il suffit seulement de mettre à droite ce qui était à gauche, je crois maintenant que le pays est engagé sur la bonne voie. Rendez-vous au mois de juillet où doivent se dérouler les élections pour l’Assemblée Constituante.
Nouvelles de mon temps, celui qui s’écoule depuis ma naissance et me façonne à sa façon et commence à peser. L’histoire de marcher à quatre pattes, puis deux, puis trois eh bien je boucle la boucle à quatre pattes, ce n’est pas encore la poussette ni tout à fait le retour à l’enfance, je m’y achemine. Je ne sais si St Pierre sera d’accord, mais je suis heureux d’avoir vécu ce que j’ai vécu du temps où j’étais à deux ou trois pattes. Il m’est arrivé parfois de sortir de certaines normes, celles prévues par le Droit Canon, mais à chaque fois, j’avais trouvé, avant, une phrase de l’évangile qui me dirigeait. Je pense avec bonheur et sans regret au temps où à deux pattes j’en prenais une troisième pour arpenter tout le djebel de Fernana, Aïn Draham, Tabarka à la recherche des gosses handicapés. Les parties de rigolades avec les petits polios. Le regard de la maman à qui j’apprenais à manipuler son bébé polyhandicapé. Et à présent avec mes deux cannes j’apprécie la présence des copains qui se mettent en quatre pour que je vive mieux.
Et je n’oublie pas l’ordinateur qui me permet de communiquer avec vous tous, famille et amis.
Bonnes Pâques, Bon temps de printemps et gros poutous.
Père Lucien Descousse
1 commentaire(s):
lire Lucien quel régal. Un talent de romancier, on ne s'en lasse pas. L'important et la nature cohabitent dans une telle harmonie dans sa description des choses. Dieu que j'aurais bien aimé aller à l'école avec lui.
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A part ça et pour Lucien "le père évêque a béni les huiles qui serviront aux sacrements de l’année en cours et où les prêtres ont renouvelé leur promesse d’obéissance à l’évêque faite le jour de l’ordination. A être renouvelée chaque année, cette promesse serait supposée ne durer qu’un temps alors que je la croyais définitive." Eh oui tout change, même là. J'ai quand même rit.
Éliane