Eglise Catholique de Sfax

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29ème dimanche Ordinaire

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Rendez à César ce qui est à César
A Dieu ce qui est à Dieu

16/10/2011
29ème dimanche Ordinaire
Pour bien comprendre la controverse à laquelle Jésus était affrontée, il faut nous rappeler ce qu’était l’impôt à l’empereur, le tribut à César…
La Judée était devenue province romaine… Les gens étaient surtaxés…Il y a avait un impôt pour le roi Hérode, un autre pour le Temple de Jérusalem et les prêtres, un autre pour l’empereur de Rome… Et s’ajoutaient les taxes que les juifs avaient à payer.
De plus, César Auguste, l’empereur de Rome, s’était lui-même divinisé. Il avait fait inscrire sur la pièce de monnaie qui le représentait, « le divin César ». On peut comprendre le refus de certains juifs de payer l’impôt à César, mais aussi d’utiliser sa monnaie. Pharisiens et Zélotes(les résistants de l’époque) y voyaient une infidélité à Yaweh. Lui seul est à vénérer !
Par contre, il y avait aussi dans la communauté, ceux qu’on appelait « les hérodiens » et « les sadducéens » qui, eux plus pratiques, entretenaient de bonnes relations avec le pouvoir.

Revenons à notre Evangile.
Le grand désir des pharisiens était de prendre Jésus en faute. Ils lui envoient leurs disciples, opposés à César, accompagnés des partisans d’Hérode, (les collaborateurs de l’époque).
Alors… « A ton avis, Jésus, est-il permis oui ou non, de payer l’impôt à César ? » Le piège ! Ils emploient la formule « Est-il permis ? » formule classique concernant l’obéissance à la loi de Moïse : le permis/Le défendu !
C’est simple et cela évite de chercher plus profond. On connaît cela aujourd’hui encore.
« Alors, Jésus, réponds-nous, tu es POUR ou CONTRE l la Loi ? »… Et Jésus démasque leur hypocrisie puisqu’ils utilisent la pièce de monnaie qu’ils portent sur eux… « Montrez-moi la monnaie de l’impôt ? … Alors, cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? » - « De César » disent-ils. - « Cette pièce lui appartient, vous l’utilisez-vous-mêmes. Rendez-donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! »
Question que nous pouvons nous poser : Y a-t’il une pièce de monnaie à l’image de Dieu ? Si elle existe, où la trouver ?
Une belle parole de St Augustin nous met sur la piste :
« De même que César cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu cherche son image en ton âme.
Rends à César, dit le Sauveur, ce qui appartient à César. Que réclame de toi César ? Son image. Que
Réclame de toi le Seigneur ? Son image. Mais l’image de César est une pièce de monnaie. L’image de
Dieu est en toi ! »
En écho, on peut évoquer le très beau poème de la création du monde au tout premier livre de la Bible. Dieu crée ciel et terre, oiseaux dans le ciel, poissons dans la mer…etc… et à la fin, le fleuron : Dieu crée l’homme et la femme. Il les crée « à son image et à sa ressemblance. »
Il y a donc en tout humain « image et ressemblance de Dieu ». Elle est quelquefois bien floue, elle semble même inexistante, tant elle peut être souillée par ceux qui n’ont presque plus rien d’humain dans leur manière de vivre…Mais elle est quand même toujours là en attente d’humanité vraie.

Cette révélation me semble essentielle. Elle justifie tout engagement en faveur de la promotion de l’humain en chacun et chacune, quelque soit sa culture, son intelligence ou son handicap, sa religion,… qu’il soit pauvre, laissé pour compte ou un riche enfermé peut-être dans sa richesse qui le rend aveugle.
« L’image de Dieu est en toi ! » nous rappelle St Augustin.
Oui, en chacun de nous ici, en nos frères et nos sœurs dans la foi, mais aussi en tous ceux et celles avec qui nous partageons quelque chose de la vie, au quotidien…
« L’image de Dieu est en toi », toi avec qui je partage le toit et le pain…
… toi mon voisin de quartier…
… toi, mon camarade de collège, de lycée ou de Fac…
… toi que je rencontre dans les associations…
… toi l’enfant malade, la personne soucieuse du lendemain,
qui se trouve être sur mon chemin …
…toi qui ,peut-être, est en train de louper ta vie en prenant un chemin qui, tu le sens bien, n’est pas bon…
« L’image de Dieu est en eux » …, étrangers et tunisiens, musulmans et chrétiens, qui n’hésitent pas à aider ceux de la frontière pour qu’ils gardent en eux leur dignité humaine…
… Eux, tunisiens, jeunes et moins jeunes qui se donnent tant de mal pour que réussissent les élections.
Nous sommes dans l’admiration pour le temps qu’ils passent en échanges, pour informer, encourager à voter, donner espoir aux déçus de la vie…
Cela nous aide nous-mêmes à croire en l’avenir de ce pays qui est aussi, en fait, le nôtre. Ensemble, avec eux et toutes les personnes de bonne volonté, nous désirons être, comme le rappelait le pape Jean Paul 2 à son passage à Tunis, « ferments d’unité et de solidarité » avec le plus grand nombre.

Proposition pour cette semaine : nous inviter à quelque chose de simple et en lien avec ce que la célébration d’aujourd’hui nous a proposé. Chaque matin :
Commencer notre journée en nous rappelant la parole de St Augustin « L’image de Dieu est en moi »
Ce pourrait être un bon départ en faisant émerger un peu plus au plus profond de nous-mêmes notre
« ressemblance » avec Dieu…
Et puis, à la première personne rencontrée, penser : « L’image de Dieu est en toi aussi! » Certainement que la manière de la « regarder » se rapprochera du regard du Christ sur chaque personne.

N’est-ce pas notre vocation de disciples de Jésus ?

Yvon Jutard
Père Diocésain

1 commentaire(s):

dominique a dit…

merci yvon ton homélie -toujours bien préparée mais celle-ci particulièrement -m'a beaucoup touché et guidé pour un regard toujours plus admiratif et intéressant de chaque personne rencontrée, fréquentée et ainsi mieux aimée
Dominique

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