22e Dimanche ordinaire – 27 août 2011

À la suite du Christ

^{27 août 2011
22e Dimanche ordinaire}

J’ai une très belle histoire pourtant d’un autre apôtre du nom de Pierre, qui a du réciter son Credo devant ceux qui lui reprochaient d’aller trop loin, de risquer sa vie, et celle des autres pour le Christ.

Pierre venait de dire à Jésus: «Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ».
Il y croyait. Il avait même sauté à l’eau, pour rejoindre Jésus...
Devant tant d’enthousiasme, de la part de Pierre, Jésus veut en révéler un peu plus à cet apôtre:
« Ce Messie, auquel tu crois, il devra souffrir, être tué et le 3ème jour il ressuscitera... ».
« Ah non ! , dit Pierre, pas d’accord, Dieu t’en garde, cela ne t’arrivera pas ! »
« Passe derrière moi, Satan, dit Jésus, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes... »

Ce que Jésus reproche à Pierre c’est de mettre un obstacle entre lui et la volonté de Dieu son Père. Ce n’est pas le tout de reconnaître que Jésus est Messie, il faut aussi en accepter les conséquences. Cette reconnaissance passe par la croix.
« Ce n’est pas celui qui dit ‘Seigneur, Seigneur’ qui entrera dans le Royaume de Dieu, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux. »

« Passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mat.16, 21-27)

Il y a quelques années de ça, j’ai assisté à une splendide messe d’ordination d’un Père Blanc en Allemagne. Une église pleine, des chants magnifiques, le Messie de Haendel par la chorale, une belle homélie, un enthousiasme, une foi !
Et puis, lorsque ce jeune P. Blanc a dit qu’il serait nommé en Algérie, l’Algérie des années noires, il y a eu des protestations de tous côtés. Je croyais entendre dans leur bouche les paroles de Pierre à Jésus :
« Ah non ! Pas d’accord, Dieu t’en garde, cela ne t’arrivera pas !
Il a fallu négocier. Ce jeune a donc d’abord été nommé à Rome pour des études d’arabe et ainsi reporter son départ en Mission à plus tard.

J’ai une très belle histoire pourtant d’un autre apôtre du nom de Pierre, qui a du réciter son Credo devant ceux qui lui reprochaient d’aller trop loin, de risquer sa vie, et celle des autres pour le Christ.
C’était à Rome, il y a quelques années déjà. Les Supérieurs des instituts missionnaires présents en Algérie avaient convoqué les 4 évêques d’Algérie. La réunion était tendue. La colère grondait. Devant le nombre de missionnaires tués, les Supérieurs des ordres religieux demandaient des comptes. On exigea des quatre évêques qu’ils s’expliquent.
C’est Pierre qui se porta volontaire. Et là, au nom de ses confrères, il donna son Credo:
« L’Eglise n’est pas une multinationale qui s’installe dans un lieu pour faire ses affaires et qui s’en va lorsque ça va mal, en renvoyant son personnel par le premier avion.
L’Eglise est une Alliance d’Amour entre le Dieu de Jésus-Christ et un peuple particulier.
Les Chrétiens sont là pour que cette Alliance d’Amour se fasse. Ils savent qu’ils doivent rester fidèles pour le meilleur et pour le pire. Une douzaine de missionnaires ont déjà été tués, c’est vrai, mais des dizaines de milliers d’Algériens sont morts, des pères de familles, des mamans, des jeunes, garçons et filles. Et nous quitterions ce pays où Dieu a fait son Alliance jusqu’au bout ?Jusqu'à la croix ! Nous n’avons plus rien à donner mais nous avons encore nos vies. »

Nous étions fiers de notre évêque, il s’appelait Pierre, Pierre Claverie, évêque d’Oran. Il est mort, quelques mois après, tué lui aussi,. Mais conscient que quiconque perd sa vie pour le Christ, la garde pour la vie éternelle.
Le Christ était toute sa vie.

Dans le malheur, dans la souffrance nous ne comprenons pas tout de suite.
Nous sommes d’abord tentés de raisonner humainement, comme l’apôtre Pierre en disant : « Cela ne doit pas nous arriver. On n’a pas à aller jusqu'à la croix.»

Mais on veut du résultat tout de suite. C’est pourquoi nous avons beaucoup de mal à comprendre le sacrifice d’une vie.
Et pourtant combien de prophètes de grandes valeurs qui ont été assassinés ont fait avancer l’humanité vers les valeurs éternelles. Qui aujourd’hui oserait dire que l’évolution des relations raciales aux Etats-Unis n’a rien à faire avec la mort de Martin Luther King ? Au Salvador, Mgr. Roméro s’est-il trompé de combat en donnant sa vie pour les plus pauvres ? Bien au contraire sa mort restera pour eux, et les générations à venir signe que la vie éternelle a plus de valeur que les richesses de cette vie.
Si le témoignage des moines de Tibhérine a touché tant de monde, c’est qu’il y a un mystère qui nous dépasse et qui nous attire vers l’Absolu.»

Nous avons tous, un jour, notre vendredi Saint, les yeux embués de larmes, on ne comprend pas : « Seigneur pourquoi m’as tu abandonné ? ! Si ce calice peut passer loin de moi... ! »
Mais, heureux qui a la patience d’attendre jusqu’au dimanche de la Résurrection pour comprendre, avec le Christ que « ce que nous souffrons, mais vécu dans la foi, ne peut pas, un jour, ne pas rejaillir en grâces pour cette vie et pour la vie éternelle. »
Le Christ nous l’a promis : « Qui perd sa vie à cause de moi la gardera. ».
Au nom du Père du Fils et du St Esprit, Amen.

Pe Raphael Deillon
père blanc