L’immaculée conception

De la dévotion au dogme

^{8 décembre
Fête de l'Immaculée Conception de Marie}

Très tôt dans l’Eglise, la piété populaire a donné une place privilégiée à Marie, surtout chez les chrétiens orientaux. Ils appelaient Marie « la Toute sainte »…

En 431, au concile d’Ephèse, elle a été déclarée « Mère de Dieu ». Affirmation liée à la foi chrétienne la plus profonde selon laquelle Dieu est devenu homme en la personne de Jésus. Ainsi quelqu’un de notre race, une jeune fille de Nazareth, est devenue « la mère du Créateur ».
Et le concile de Constantinople, en 680-681, proclama à nouveau Marie, « véritablement mère de Dieu ». Marie « la Toute Sainte »… Marie « Pleine de grâce », la prions-nous dans le « Je vous salue Marie ».

« Toute Sainte, Pleine de grâce »… sans aucun doute, pensait le peuple chrétien. Elle n’a jamais connu le mal, le péché… Alors ? « Immaculée conception » ? La piété populaire l’affirmait.

Mais pendant très longtemps, il y a eu de nombreuses discussions entre les théologiens. Et ce n’est qu’en 1854 que le pape Pie IX a proclamé comme article de foi dans l’Eglise catholique l’Immaculée conception de Marie. Il était affirmé que « la mère de Jésus, en vertu d’un privilège exceptionnel n’a pas connu le mal et a été conçue sans être marquée par le péché originel. »

Les Eglises orthodoxes n’y adhèrent pas et les Eglises protestantes y sont opposées. Ce qui bloque chez eux, c’est la fixation de la foi dans des dogmes (donc désormais intouchables).
Un pasteur de l’Eglise protestante de France, théologien engagé dans l’œcuménisme, déclarait :

« Le dogme de l’Immaculée Conception, on ne peut y souscrire, bien sûr. Mais au-delà du refus pur et dur, nous pouvons ouvrir une fenêtre. Que Marie n’ait pas été touchée par le péché, cela ne peut être que l’effet de l’amour absolument gratuit de Dieu. Elle ne l’a pas mérité. Elle n’a fait aucune « bonne œuvre » dans ce sens-là. Sous cet angle, le principe de la grâce seule, si central pour nous, est honoré. Quand Marie chante le Magnificat, elle ne parle pas de la grâce qui lui est faite comme d’un mérite. Elle « la retourne » en proclamant la justice de Dieu. Et elle annonce que cette grâce est étendue à tout le genre humain… Mais, attention ! Notre fenêtre ne peut rester ouverte que si les catholiques se refusent à « sortir » Marie de la condition humaine ».

Ce dont nous sommes d’accord !

Yvon Jutard
prêtre en retraite sur la paroisse de Sfax