Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Miséricorde de Dieu

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Nous sommes les disciples d'une Personne qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive.

12 juin 2010
11ème dimanche ordinaire
Chers frères et sœurs,

Nous sommes devant une belle page de l'Évangile. Une page mouvementée, des mouvements qui correspondent aux divers personnages de la scène. Il y en a au moins trois, la femme, Simon le pharisien et Jésus.

Le premier mouvement, celui de la femme pécheresse, est muet. Pas de paroles, mais des gestes. Elle a dû entendre parler de ce Jésus au grand cœur, elle ose entrer, mais n'ose pas toucher son corps, encore moins parler. Mais elle était déjà touchée par la grâce, sinon elle n'aurait pas fait ce qu'elle a fait. Elle se jette à ses pieds, elle pleure et essuie les pieds de Jésus avec ses cheveux... Essayez d'imaginer la scène, elle est touchante !

La deuxième scène a comme protagoniste Simon le pharisien. Elle est muette aussi, mais extérieurement. Car Simon se dit en lui-même : " Si cet homme était un prophète, il saurait qui est la femme qui le touche : une pécheresse ". À première vue, on dirait que Simon excuse Jésus : " le pauvre il est naïf, el ne sait pas qui est cette femme ". Mais le fond de son raisonnement est plus grave : " S'il ne sait pas qui est cette femme, c'est qu'il n'est pas prophète comme il prétend. Il se trompe et il trompe les autres ".

Mais Jésus ne se laisse pas faire. Il entre en scène et c'est le troisième cadre de l'histoire, un cadre parlant, cette fois. Il répond au raisonnement de Simon le pharisien et au geste de la femme. Il dit d'abord au pharisien qu'il est vraiment un prophète, puisqu'il arrive à lire sa pensée. Ensuite, avec une petite histoire, il explique le geste de la femme qui a fait ce que lui, Simon, n'a pas fait : tu ne m'as pas embrassé, tu ne m'as pas lavé les pieds... Et la belle conclusion de l'histoire qui se résume en ceci : " le pardon de Dieu crée chez l'homme l'amour reconnaissant, et l'amour de l'homme qui se fait une humble confession des péchés, perfectionne cet amour et l'augmente ". C'est le résumé de toute cette histoire de la femme pécheresse, et c'est même le résumé de l'Évangile.

Ici se termine le récit évangélique, mais Luc n'écrivait pas pour les pharisiens, mais pour les chrétiens de son temps, et donc pour les chrétiens de son temps e pour nous.

Pour nous, nous sommes devant la grande question qui a toujours préoccupé les hommes : en quoi consiste la véritable religiosité ? Quel est le sentiment le plus juste à l'égard de Dieu ? Quel est le comportement que Dieu apprécie le plus de la part des fidèles ? La pensée juive était claire : observer les commandements : " Seigneur que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? " La loi et les commandements. Il n'y a pas que du faux dans cette réponse, mais le risque est de finir par classer les hommes en deux catégories : les justes ( ceux qui observent la loi ) et les pécheurs ( ceux qui la transgressent ). L'histoire d'aujourd'hui (c'est une pécheresse ), la prière du pharisien et du publicain dans le temple... Dans cette logique, il n'y a plus de place pour la miséricorde qui est le nom le plus beau et le plus vrai de Dieu... En fait, dans la logique " des justes / des pécheurs ", le pécheur ne mérite pas la miséricorde de Dieu et le juste n'en a pas besoin.

La pécheresse d'aujourd'hui nous montre une autre logique que celle de la loi. La reconnaissance humble et sincère de notre faiblesse et de notre péché, la ferme volonté de revenir à Dieu et la gratitude envers Dieu qui nous permet sans cesse de nous révéler et de recommencer ; un Dieu qui vert la miséricorde, non les sacrifices, et qui apprécie l'amour d'un cœur contrit plus que tous les holocaustes et les sacrifices. Dans cette perspective, la créature ne donne rien à Dieu ( j'ai observé le commandements ), elle reçoit tout de lui, et gratuitement.

À nous de choisir entre les deux manières de voir notre relation à Dieu, la femme pécheresse nous montre la meilleure, et le Christ l'accepte et nous y invite. La conclusion est plus que claire. L'Évangile d'aujourd'hui nous dit, plus jamais, que nous ne sommes pas les gens d'un livre, ni les gens d'un ensemble de lois et de préceptes, nous sommes les disciples d'une Personne qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive.

Amen

† Maroun Lahham
Archevêque de Tunis

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