Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Comment a-t-il pu perdre sa gloire ?

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15 mai 2010
Dimanche de l’Ascension
Frères et sœurs,

Aujourd’hui nous célébrons l’Ascension de Jésus au ciel. C’est une fête mal nommée, car il aurait mieux valu parler de la Glorification de Jésus après sa passion et sa résurrection. Comme vous allez l’entendre, presque tous les textes vont nous parler de cette glorification et peu vont nous parler de l’Ascension proprement dite. Ils vont nous dire aussi qu’avec lui c’est toute l’humanité qui est glorifiée. Cette fête est donc aussi la nôtre, vivons la intensément comme un avant goût de la gloire qui nous attend avec Jésus dans le ciel.


L’Ascension et la glorification de Jésus sont une seule et même fête, c’est la célébration d’un même mystère : Jésus entre au ciel, en son corps et en son âme, et est assis désormais à la droite de Dieu. Cette fête est aussi importante que celle de la résurrection et l’Église nous demande de la célébrer avec le même faste, d’autant qu’elle nous concerne tous puisqu’il y entre avec son corps mystique qui est l’Église.

L’importance de cette fête vient de ce qu’elle donne un sens à la passion et à la résurrection de Jésus. En effet pourquoi Jésus, en tant que deuxième personne de la Trinité, s’est-il incarné, a-t-il souffert et pourquoi son Père l’a-t-il ressuscité, sinon pour qu’il retrouve auprès de son Père la gloire qu’il avait avant les siècles en nous entraînant avec lui dans un immense cortège de gloire, comme nous l’a décrit St Jean dans les textes de l’Apocalypse que nous avons lu les dimanches précédents ?

Là nous sommes devant un mystère : comment Jésus, qui existe depuis toute éternité en tant que deuxième personne de la Trinité, peut-il entrer un jour du temps dans le ciel avec un corps humain et nous entraîner avec lui ? Comment a-t-il pu perdre sa gloire en s’incarnant et s’abaissant jusqu’à mourir sur une croix au milieu des bandits pour la retrouver une fois ressuscité plus grande qu’avant ? Comment peut-il y avoir dans l’éternité une progression dans la gloire de Jésus ? Je ne cherche pas à répondre à cette question car c’est un mystère que nous ne comprendrons qu’au ciel, mais dont nous devons vivre aujourd’hui, car c’est lui qui donne sens à notre vie.

Jésus, sur terre, avait confiance comme quoi cette gloire viendrait. Il y fait souvent allusion. Quand il parle à ses apôtres de la récompense qu’ils auront dans les cieux pour l’avoir suivi, il leur dit : « Le fils de l’homme siègera sur son trône de gloire et vous siègerez avec lui pour juger les douze tribus d’Israël. » (Mt 19,28). Ici, les douze tribus d’Israël désignent le monde entier

Avant sa passion, après son entrée solennelle à Jérusalem, il avait prié son Père devant Philippe en disant : « La voici venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié…Père glorifie ton nom. » alors une voix venue du ciel avait dit : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai à nouveau. » (Jo 12,22…) et Jésus précise que cette voix s’était faite entendre pour que tous les assistants croient en lui et en sa mission. C’était déjà la gloire de l’Ascension dont il parlait.

Quelques jours plus tard, dans le discours après la dernière Cène, il ajoutait : « Quand viendra l’Esprit de vérité, il me glorifiera. » puis : « Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils pour que ton Fils te glorifie. »

Jésus avait aussi dit aux disciples d’Emmaüs quand il leur expliquait le sens de sa passion : « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? »
La glorification de Jésus après sa passion et sa résurrection est donc une chose que Jésus a toujours envisagée, c’est quelque chose de normal, de nécessaire, faisant partie du plan de Dieu pour le salut du monde. On peut dire que l’Ascension et la Glorification sont l’accomplissement de la Pâque de Jésus, qu’elles font un tout avec sa passion et sa résurrection.

Et cette Glorification n’a de sens que si elle entraîne la nôtre, car c’est pour nous que Jésus s’est incarné et a accompli son mystère pascal.

Saint Paul a bien compris cela et nous l’avons entendu l’expliquer à ses chers éphésiens. Il voit le Christ assis à la droite de Dieu, tête de son Église, chef de l’humanité : « C’est la force même, le pouvoir, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux.. »

Et cette entrée dans la gloire donne à Jésus un pouvoir, une domination sur tous les éléments du monde visible et invisible, il est même au dessus de tous les anges et de toutes les puissances célestes. Mais surtout elle fait de lui la tête de l’Église qui est son corps, et l’Église est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de tout. (c’est encore St Paul qui parle dans la lecture de ce jour).

Mais l’Église, c’est nous. Nous sommes donc intimement associés à cette gloire du Christ, car nous faisons un avec lui par l’unité du Saint Esprit.

Après la dernière Cène, dans le passage qu’on appelle la Prière Sacerdotale, Jésus prie son Père en disant : « Je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi, pour qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donné parce que tu m’as aimé avant la création du monde. » Le eux qu’il y a ici désigne bien sûr les apôtres, car ils sont les seuls avec lui autour de la Sainte Table, mais Jésus avait dit auparavant : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais pour ceux-là aussi qui, grâce à leur parole croiront en moi. » Ceux qui croiront en lui, c’est nous et toute l’humanité. Nous participerons donc un jour à la gloire du Christ, mais déjà, dès cette terre, nous sommes associés à cette gloire. Nous l’avons seulement en espérance, mais nous sommes si sûrs de l’avoir un jour dans les cieux que nous pouvons dire que nous la possédons déjà.

Nous pouvons jouer les sceptiques et les suffisants en disant que nous n’avons pas besoin d’espérer cette gloire pour suivre Jésus jusque sur la croix. Mais penser ainsi ce serait faire un grand péché d’orgueil. Jésus au contraire a pensé que cette espérance de la gloire, ce désir du ciel, serait un puissant moyen pour nous aider à le suivre jusqu’au bout, c'est-à-dire jusqu’à la croix, et que cela susciterait en nous une énergie nouvelle pour nous mettre au service de nos frères afin qu’un jour ils participent avec nous à la même gloire.

N’hésitons donc pas à penser à la récompense que nous aurons un jour avec Jésus pour accomplir chaque jour notre travail et pour accepter les souffrances de cette vie. Sachons que nous sommes de simples pèlerins en marche vers un Royaume qui n’est pas de ce monde, un royaume de paix et de bonheur où Jésus nous attend.

Amen.

Paul Marioge
père blanc

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