Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


Carte postale de Dieu

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Le 11 avril 2010
Dimanche de la Miséricorde

Pendant toute l’octave de Pâques nous avons entendu les récits de la Résurrection. Dans tous ces récits, il y a des points qui reviennent. Le premier point :
Ceux ou celles à qui le Christ apparaît sont tous présentés sous un aspect négatif.

- Les femmes, le matin de Pâques, sont, nous dit St Marc, ‘toutes tremblantes’.
- Marie de Magdala est ‘affolée’.
- Les disciples d’Emmaüs ‘tout tristes’.
- Les apôtres ont ‘verrouillé les portes’.
- Thomas ‘doute’.


Il y a dans tous ces récits l’expression d’un vide. Ce point noté par tous les évangélistes prouve une chose: on ne peut reconnaître le Christ Ressuscité que si il nous manque. Si nous ne reconnaissons pas notre petitesse, notre péché, notre besoin de Lui comment allons-nous le reconnaître?

Moi j’ai souvent beaucoup de mal à reconnaître les gens, je n’ai pas la mémoire visuelle des visages. Alors je me suis donné comme moyen pour les reconnaître de faire davantage attention à eux, de les aimer davantage. C’est quand ils me manquent que je les reconnais le mieux.

“ Est-ce que je t’ai manqué ”, nous disent nos amis après une longue absence.
“ Est-ce que je t’ai manqué ”, nous dit Jésus.
S’il ne nous a pas manqué, on peut se poser des questions…

Ceux à qui le Christ apparaît le reconnaissent à un signe de sa personnalité et ça les remplit de joie!


Vous connaissez tous ce sketch d’un humoriste. Quelqu’un frappe à la porte/
“ - Chkoun? - Mohammed. - Chkoun Mohammed ? - Mohammed!! - Ah?! Mohammed!! ”
Vous savez aussi combien les gens aiment à être reconnus au son de leur voix, au téléphone!
“ - Marie! ”, dit Jésus à Marie-Madeleine. “ - Rabbouni! ”, répond-elle.
Elle l’a reconnu au son de sa voix.
Et Thomas: “ Mon Seigneur et mon Dieu! ” crie-t-il au Seigneur quand il l’a reconnu. Ce sera d’ailleurs le cri de joie des Chrétiens reconnaissant dans le pain et le vin, le Corps et le Sang du Christ.

Ceux et celles qui reconnaissent Jésus ont besoin de toucher.


Et Jésus se laisse toucher. Il mange même avec eux pour leur laisser le temps de le reconnaître car ils sont lents à croire.

“ - Cesse de me retenir ”, dit Jésus à Marie-Madeleine qui lui tient les pieds.
“ - Mets tes doigts dans mon côté ”, dit-il à Thomas qui doute.
“ - Avez-vous quelque chose à manger? ”, demande-t-il...

Jésus se laisse toucher, mange avec eux. Il voudrait que sa vie de Ressuscité touche leur vie, qu’il y ait un lien entre la terre et le ciel.

Je me demande si nos expressions de tous les jours ne sont pas empreintes de cette douceur du Christ ressuscité qui veut se faire reconnaître, comme Dieu a voulu se faire reconnaître à son peuple.
Ne dit-on pas “ Va lui toucher la main ”, pour dire “ va le saluer ”. “ Je vais lui en toucher un mot.. ”. “ Viens manger à la maison! ” “ Viens boire un thé! ”

On a besoin de toucher, de venir manger, pour se connaître.

Justement à ce propos, est-ce que vous avez reçu la carte postale que Dieu m’a envoyée ? Je l’ai reçue à Rome. Mais je pense qu’il a du en envoyer aussi à Sfax. Dieu voudrait tellement être reconnu et il a l’impression qu’il ne l’est plus autant qu’avant… Je vous lis cette carte postale.

Carte postale de Dieu.


En ce mois d'Avril, à quelques jours de Pâques, je vous fais suivre une carte postale que je viens de recevoir à Rome et qui est signée "le Bon Dieu qui vous aime".

Je ne sais pas si vous avez reçu la même à Sfax en tout cas, je suis heureux de vous en faire part, je suis sûr qu'elle vous concerne aussi bien que moi, où que vous soyez.

"C'est moi, Dieu qui vous parle. Je me sens comme un visiteur, un touriste, dans ce monde que pourtant j'ai fait.

Je marche dans les rues, et je me sens perdu… Vous m'aviez promis de me garder une place chez vous et je ne retrouve pas mon Chemin… Il y a tellement d'enseignes qui scintillent que je suis aveuglé et je ne retrouve pas ma Lumière.

Ces lieux me sont devenus étrangers, ces temps ont complètement changé, il n'y a plus rien de vide que je puisse remplir. Tout est plein. Plein de vanités et de recherche d'un autre dieu.

Mes maisons sont devenues des forteresses reliées par satellites. Vos correspondances par câbles sont encombrées de conversations vides, de disque dur à disque dur. Les crissements de vos boites électroniques, vos ding et vos dong me font mal à la tête. Vos communications sont brouillées, tout le monde parle à la fois, et très peu écoutent … Je ne m'y retrouve plus du tout… Je ne trouve plus d'espace sur vos lignes.
Vos écrans sont pleins de chiffres et je ne trouve plus le sens du gratuit. D'autres sont encombrés d'images qui s'agitent et de paroles qui mentent. Je ne reconnais plus l'image de mon Fils qui a pourtant vécu avec vous et vous a laissé des paroles de Vérité…

Chers, chers qui ? A qui puis-je encore parler ? Il n'y a plus de réponse !

On ne me parle plus, on ne me donne plus de nouvelles de mes enfants, on ne me fait plus appel pour m'inviter, on ne vient plus goûter de mon pain ou de mon vin …
Peut-être a-t-on retiré mon nom des carnets d'adresses ?
Peut-être n'ai-je pas bien écrit l'adresse sur mes cartes postales ?

Je vais recommencer à écrire, encore une fois…
Pour vous, mais aussi pour moi, pour croire encore que vous êtes toujours d'accord de parler avec moi…

Signé, Dieu qui vous aime et qui est encore là … parmi vous !"

Père Raphaël Deillon
______STATU_AUTEUR

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