Eglise Catholique de Sfax

Le blog de la paroisse de Sfax


L’accueil de Jésus est inconditionnel

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17 avril 2010
3ème dimanche de Pâques

En ce troisième dimanche après Pâque, nous sommes toujours dans le cycle des apparitions de Jésus à ses apôtres et à ses premiers disciples. Aujourd’hui c’est l’apparition sur le bord du lac de Tibériade. Pierre est confirmé dans son rôle de chef de l’Église, mais pour cela il doit passer par l’épreuve, l’épreuve de sa fidélité au Christ. Jésus en divin pédagogue sait l’amener où il veut qu’il aille. Pierre est notre modèle. Laissons-nous modeler par Christ au cours de cette célébration pour parvenir à la fin pour laquelle nous avons été créés.


Saint Pierre est le patron de notre paroisse. Il est donc tout indiqué de suivre son cheminement, comme nous y invite la liturgie de ce jour, et de voir comment le Seigneur l’a conduit depuis sa faute jusqu’à sa confirmation comme chef de l’Église. En effet la conduite du Seigneur vis-à-vis de Pierre, toutes choses égales, sera la même que celle qu’il a vis-à-vis de nous. Suivre Pierre, nous aidera à être attentifs aux appels du Seigneur quand viendra le moment où il parlera au fond de notre cœur.

Pierre a donc commis un grand péché, le plus grand péché qui soit : il a renié Jésus, il a renié son maître, c'est-à-dire l’apostasie : « Non, je ne connais pas cet homme. » et cela, pas une fois, pas deux fois, mais trois fois : c’est dire s’il est allé loin dans le reniement. Et pourtant, montant à Jérusalem, il avait approuvé Thomas qui disait : « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! » et quand Jésus avait prédit l’abandon des siens il s’était écrié : « Même si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai pas » et il avait ajouté : « Dussè-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas. » Pierre a été trop présomptueux, il a commis en plus un grand péché d’orgueil.

Après son reniement, Jésus avait regardé Pierre, alors Pierre était sorti de la cour du grand prêtre pleurant amèrement, mais cela ne l’avait pas empêché de douter de la résurrection. Il n’avait pas cru les femmes qui revenaient du tombeau. Il y avait couru avec Jean, mais devant le tombeau vide son esprit restait encore embué. Il avait fallu que le Seigneur lui apparaisse à lui personnellement pour lever le doute. Cette apparition n’est pas racontée dans les évangiles, mais elle est mentionnée rapidement par Luc au retour des pèlerins d’Emmaüs et aussi par Paul dans sa lettre aux Corinthiens.

Et quelques semaines plus tard, que voyons-nous ? Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil des juifs – il s’agit de la première lecture – on leur interdit de parler au nom de Jésus, mais Pierre répond : « Il nous faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes… nous sommes témoins de la résurrection… nous ne pouvons pas nous taire ». Et malgré les coups de fouet qu’ils reçoivent, ils sortent tout joyeux d’avoir été jugés digne de subir des humiliations pour le nom de Jésus. Quel grand changement ? que s’est-il passé pour que le même homme transit et peureux se transforme en un prédicateur audacieux qui n’a plus peur de rien ? Le Saint Esprit est passé par là, nous le verrons à l’œuvre dans trois semaines au jour de la Pentecôte, mais il y avait eu auparavant toute la préparation de Pierre par Jésus à plus d’humilité et à plus d’amour. C’est ce dont nous parle l’évangile de ce jour.

Nous sommes au bord du lac de Tibériade. Jésus s’était fait reconnaître par un miracle, une pêche miraculeuse, Pierre avait voulu être le premier à aller saluer son maître, il s’était jeté à l’eau avant même que la barque n’arrive au rivage, ils avaient partagé le repas, un repas est toujours le symbole de l’amour, de l’union des cœurs. Alors, après le repas, Jésus s’était adressé personnellement à Pierre en le reprenant par son nom araméen, le nom qu’il avait quand il était petit, le nom familier : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Pierre, désarçonné, n’ose plus répondre avec l’audace et la témérité qu’il avait eu avant la passion, il n’ose plus se croire supérieur aux autres, alors avec finesse, il dit simplement une première fois : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais », une deuxième fois : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais » et la troisième fois : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus le confirme alors comme chef de l’Église et lui prédit sa propre mort de martyr pour bien montrer que non seulement il a été pardonné mais que, de plus, son reniement n’avait en rien diminué l’amour que lui avait porté son maître de toute éternité.

L’attitude de Jésus vis à vis de Pierre est la même qu’il a vis-à-vis de nous, c’est celle d’un divin pédagogue. Il veut que le repentir vienne de nous-mêmes, du fond de notre cœur, et il l’obtient en nous faisant délicatement sentir que notre faute n’a en rien diminué son amour pour nous, elle l’a même augmenté. C’est par un supplément d’amour que Jésus arrive à changer le cœur de l’homme. Il arrive ainsi à faire tomber notre orgueil, notre volonté de nous fier à nos propre forces, notre suffisance de nous croire supérieurs aux autres dans notre affection pour lui. Si Pierre n’est pas tombé dans le piège de dire « Oui, Seigneur, je t’aime plus que ceux-ci », c’est que Jésus a su tourner sa phrase afin que Pierre fasse acte d’humilité et non de suffisance. Il y avait été préparé par tout ce qui avait précédé.

Pour Pierre comme pour nous, l’accueil de Jésus est inconditionnel, mais il est exigeant. Il exige que nous nous situions en vérité devant lui, et la vérité c’est notre faiblesse, la nécessité de tout attendre de lui. C’est cette vérité qui nous rend libres. Dans notre faiblesse et dans notre humilité, la force de Dieu va alors pouvoir se manifester avec toute sa puissance.

La pédagogie de Jésus est toute en finesse. Il faut avoir un cœur délicat et sensible pour saisir ce qu’il veut, il faut beaucoup de docilité pour se laisser guider par lui. Mais, cette délicatesse, cette sensibilité, cette docilité, nous l’avons quand il s’agit de le rencontrer et de lui parler, car il parle au fond de notre cœur depuis notre petite enfance. Gardons cet esprit d’enfance pour qu’il puisse nous reprendre avec douceur quand nous nous sommes égarés. C’est ainsi que notre amour pour lui progressera comme il progressé dans le cœur de Pierre.
Amen.

Paul Marioge
père blanc

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